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Communiqué de presse
 le 23 avril 2014

CPD 2014 : une résolution en demi-teinte

La CPD 2014 a été marquée par les blocages des pays conservateurs. Les États africains, quant à eux, et particulièrement ceux d’Afrique de l’Ouest, n’ont pas défendu les questions de santé et droits sexuels et reproductifs. Alliance Droits et Santé insiste sur la nécessité de mettre en adéquation les engagements pris sur ces thématiques au niveau national avec les discours tenus sur la scène régionale et internationale.

 

Vingt ans après l’adoption du programme d’action du Caire lors de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD), la 47ème session de la Commission Population et Développement (CPD) de l’ONU s’est tenue à New York du 7 au 11 avril 2014, afin d’évaluer les progrès réalisés au cours des deux dernières décennies. Cette session constituait un moment particulièrement décisif pour réaffirmer l’importance des droits en matière de sexualité et de procréation.

 

Or, pour Alliance Droits et Santé, qui a participé à la CPD, la résolution, finalement adoptée par consensus après une semaine d’intenses négociations, offre un bilan en demi-teinte.

 

L’Alliance se félicite que cette résolution appelle les gouvernements à promouvoir l’égalité des sexes, la santé sexuelle et reproductive et les droits en matière de procréation parmi les priorités du nouveau cadre de développement post-2015. Elle salue également la demande faite aux États d’agir rapidement face aux retards accumulés dans certains domaines clefs du programme d’action du Caire.

 

Elle regrette en revanche l’absence de consensus sur de nouvelles priorités d’action pour relever certains défis majeurs déjà formulés il y a 20 ans dans le programme d’action de la CIPD et qui restent plus que jamais d’actualité.

 

Le rassemblement hétéroclite de gouvernements très conservateurs – tels  que le Cameroun, l’Égypte, l’Iran – alliés au Vatican et aux évangélistes américains, a en effet empêché toute avancée significative. La santé sexuelle est mentionnée dans la résolution, les droits reproductifs également, mais jamais le concept entier de santé et droits sexuels et reproductifs. Pourtant, de nombreux pays, du Nord et du Sud, dans les années précédentes, ont affiché une volonté de se saisir de ces questions.

 

Et ces batailles rhétoriques sont loin d’être anecdotiques. Elles construisent les rapports de force qui se retrouveront dans les orientations des politiques et des programmes dont bénéficient les populations.

 

Les Etats africains, pour la plupart et parmi lesquels ceux d’Afrique de l’Ouest, n’ont pas tenté de contrer les arguments de l’alliance conservatrice. Les délégations africaines auprès de l’ONU, basées à New York, tenaient parfois un discours beaucoup moins porté sur les droits humains que ceux de leurs représentants basés dans les capitales.

 

Alliance Droits et Santé appelle donc les gouvernements d’Afrique de l’Ouest à la plus grande vigilance quant à leurs positionnements sur la scène internationale, et rappelle les engagements pris à la conférence sur la planification familiale de Ouagadougou en février 2011. Les échéances onusiennes à venir seront déterminantes, à commencer par la session spéciale de l’assemblée générale des Nations unies consacrée au Caire+20, en septembre prochain.