Dans la ville de Savalou, située dans le département des Collines, au Bénin, les femmes éprouvent de sérieuses difficultés à écouler les produits qu’elles vendent pour gagner leur vie. Les dérivées de racines et tubercules (igname et manioc) sont leur principale activité. La mévente et le manque de revenus les laissent, par conséquent, dans l’incapacité d’assurer la santé et la scolarité de leurs enfants. Les jeunes, déscolarisés ou confrontés au chômage, émigrent souvent au Nigéria, à la recherche d’emploi. À l’extérieur ou au pays, ils font face à des problèmes de santé : Infections Sexuellement Transmissibles (IST), paludisme, choléra, etc.
L’ONG le BACAR (Bureau d’Appui Conseil d’Afrique pour la Réalisation) est née en 2000 à Savalou, de l’engagement des filles et fils de la ville de Savalou d’être, eux-mêmes, les « chercheurs de solutions » à leurs problèmes.
Au-delà de Savalou, ils et elles ont décidé de partager leurs solutions avec d’autres villes des départements des Collines, du Zou, du Borgou, de l’Alibori, de l’Atacora et de la Donga. Ces solutions répondent à des problématiques diverses dans les domaines de la santé, de la nutrition, de l’agriculture, des droits des femmes et de l’enfant, de la gouvernance ou encore de l’environnement.
Sur les projets de santé, le BACAR cible les femmes, les filles et les enfants. À travers plusieurs projets, dont « Pérenniser l’engagement de la société civile en faveur de la santé de la procréation / planification familiale / genre en Afrique sub-saharienne francophone », l’ONG a fait du plaidoyer pour la prise en compte des activités de la planification familiale dans le Plan de développement communal (PDC) de la commune de Savalou, ainsi que des sensibilisations à l’endroit des populations. Pour les femmes en âge de procréer, les interventions sont axées sur la santé de la reproduction.
L’ONG le BACAR est également membre d’Alliance Droit & Santé, un regroupement de plusieurs organisations de la société civile de la sous-région qui milite en faveur des droits et la santé sexuels et reproductifs des femmes et des filles en Afrique de l’Ouest francophone.
Albéric Rosny GBAGUIDI, Chargé à la communication.
Pour les adolescents et jeunes de 10 à 24 ans, il est organisé des séances de causerie éducative et de counseling dans les collèges et centres d’apprentissage, afin de réduire les grossesses non désirées en milieu scolaire et non scolaire. Des actions de plaidoyer sont menées à l’endroit des autorités politico-administratives, des leaders religieux, des leaders d’opinion, et des têtes couronnées pour l’implication de la Planification Familiale dans les diverses politiques au niveau communautaire.
Les bénéficiaires peuvent ensuite devenir des pairs éducateurs.
J’ai bénéficié par le passé des activités de sensibilisation sur les bienfaits de la PF, organisées par le BACAR [à Logozohè, dans la commune de Savalou]. Aujourd’hui, je suis devenue un pair éducateur au niveau des autres familles de la communauté. Moi et mes collègues sensibilisons les ménages, les familles, les couples, les apprenties, les artisans sur la sexualité responsable et sur la manière d’instaurer le dialogue “ parent-enfant sur la sexualité” dans les familles. Nous sensibilisons les adolescent.e.s de 10 à 24 ans dans les familles, les écoles et les lieux d’apprentissage sur les grossesses précoces et non désirées. Nous travaillons également sur la prise en charge des IST avec comme cibles les enfants de 12 à 14 ans. Aujourd’hui, grâce au BACAR, les parents discutent de la sexualité avec les enfants à la maison, les jeunes filles prennent leurs précautions pour ne pas tomber enceintes (utilisation des méthodes de PF.
Ida Wlanoude, ménagère et mère de deux enfants.
De 2007 à 2017, ces sensibilisation ont permis de toucher, dans le domaine de la PF :
Pour les infections sexuellement transmissibles, l’ONG compte à son actif 15 600 cas de femmes pris en charge.
De plus, un centre Jeune Amour & Vie a été construit, avec le concours des partenaires pour la réduction des grossesses non désirées en milieu scolaire et la promotion de la Santé de Reproduction des Adolescents et Jeunes de la Commune de Savalou.
Outre sa mobilisation en faveur de la PF, le BACAR intervient aussi dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Dans certaines localités, jusqu’à 60% d’enfants de 0 à 5 ans souffrent de retard de croissance, selon le secrétaire permanent du Conseil de l’Alimentation et de la Nutrition (CAN), Rock MONGBO. De 2004 à 2008, le BACAR est intervenu pour le renforcement des capacités des promoteurs, par des activités de promotion et de vulgarisation des produits dérivés du manioc et de l’igname, la formation sur la santé, la nutrition et la qualité des aliments (conservation).
D’autres projets de plaidoyer et de mobilisation sociale pour l’accès effectif des femmes à la terre à Savalou ont eu lieu : le projet d’Autonomisation des femmes pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle puis le projet de développement de l’élevage des ménages des départements du Zou et des Collines pour la sécurité nutritionnelle des enfants de 0 à 5 ans.
Cette activité de santé nutritionnelle des enfants nous a permis de savoir quel type de nourriture donnée aux enfants à chaque âge et leurs compositions. Nous disons un grand merci au BACAR pour son soutien au bien-être de nos enfants mais nous aimerions qu’il nous accompagne davantage et renforce nos capacités.
Geneviève KPADONOU, une des bénéficiaires à ZonzounKanmè.
Le BACAR a enregistré 1 208 cas d’enfants souffrant de malnutrition aiguë qu’il a référé et pris en charge avec l’appui des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) dans 24 villages des communes de Savalou et Bantè. Aussi, les revenus de ces activités permettent-t-elles aux femmes bénéficiaires de disposer de ressources pour s’offrir des services de santé.
Pour avoir beaucoup de femmes à notre côté pour leur transmettre ces enseignements dans notre village Zonzoun Kanmè, nous avons créé des cellules dénommées « AVEC » (Association Villageoise d’Epargne et de Crédit). Beaucoup de femmes, de mères d’enfants, adhèrent à ces cellules pour les petites épargnes et crédits, pour des projets d’activités génératrices de revenus. Et nous profitons des occasions de réunions pour leur donner les enseignements sur la nutrition.
Geneviève KPADONOU, une des bénéficiaires à ZonzounKanmè.