Le Réseau Siggil Jigéen (RSJ) a été créé en 1993, par dix organisations de femmes qui avaient bénéficié d’un financement du Centre Canadien d’Etude et de Coopération dans le cadre de la première phase du Projet Femmes.
Le nom « Siggil Jigéen » est d’une portée symbolique et philosophique dans la représentation culturelle sénégalaise. « Jigéen » désigne la femme et, par extension, la famille ou la société et, « Siggil » : verbe actif, signifie rehausser, réhabiliter, promouvoir, défendre volontairement.
Au Sénégal, des efforts restent à faire en matière de santé maternelle et infantile. A ce titre, Les autorités veulent réduire ces chiffres en relevant le Taux de Prévalence Contraceptive (TPC) et en augmentant le budget alloué à la planification familiale. Ce budget était en 2010 de 2,5 % du budget de la santé. Le RSJ les accompagne dans ces efforts.
Une étude de 2008-2009 sur « Les Dynamiques de la Pauvreté au Sénégal » réalisée par le Laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales (Lartes-Ifan) révèle que 60,39 % des ménages sénégalais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les femmes sont les plus touchées.
Pour mener à bien sa mission, le RSJ intervient de différentes manières :
De 2003 à 2006, avec CEDPA SENEGAL (agence d’exécution de l’USAID) le RSJ a déroulé les projets « Leadership des femmes, des jeunes & santé de la reproduction dans la région de Thiès » dans le cadre de ENABLE ET BRIDGE.
L’ONU femmes a appuyé le gouvernement du Sénégal pour l’application de la loi sur la parité hommes/femmes dans les institutions totalement ou partiellement électives. Le RSJ a accompagné le projet par des formations et par des caravanes de sensibilisation. Ainsi, plus de 3 000 femmes leaders ont bénéficié de renforcement de capacités. Aujourd’hui, le taux de présence des femmes dans les instances de décision a triplé (15,9 % en 2009 à 47,2 % en 2017) et le taux d’instruction des femmes a doublé (25 % à 47,9 %) selon l’étude réalisée par l’Union des Associations d’Élus Locaux.
Avec Intrahealth International, un autre partenaire, ainsi que dans le cadre du Réseau Alliance Droits et Santé, le RSJ a mené des actions de plaidoyer, de sensibilisation. L’implication financière des maires a été sollicitée. 3 maires se sont engagés à financer l’achat de produits contraceptifs dans leur commune : Mboro (5 millions francs Cfa), Rufisque Est (2 millions francs Cfa) et Mbour (2 millions Cfa).
Un autre succès : la campagne « Moytou Nef » (éviter les grossesses rapprochées), a été lancée en 2012.
Le RSJ a introduit le modèle Partenariat pour l’Amélioration de la Qualité des services (PAQ) dans le système de santé. L’exemple du Point de Prestation de Santé (PPS) d’Abéné dans le département de Diouloulou (région de Ziguinchor située au Sud du Sénégal) en est un succès. Ce PPS se singularise de par son engagement communautaire. Le fil conducteur qui sous-tend l’action du PAQ devient dès lors la Réformation Sociale et Sanitaire par son impact communautaire.
Le PAQ a permis de résoudre les problèmes qui existaient entre prestataires et population. Des problèmes dus à un déficit de communication, au coût élevé des prestations et à la logistique. L’absence d’une sage-femme a accentué la faible fréquentation du PPS. Actuellement, Abéné est l’un des PPS les plus modernes côté infrastructures et réalisations supportés par le PAQ. Le village d’Abéné constitue un exemple d’opérationnalisation et de succès.
Le RSJ et ses partenaires (AFP et PP Global) envisagent d’enrôler d’autres maires pour financer la PF afin de permettre à davantage de femmes qui le désirent d’espacer leurs naissances. De plus, The Challenge Initiative (TCI) a lancé sa Plateforme d’Accélération pour l’Afrique de l’Ouest. Cependant le TCI doit pouvoir s’appuyer sur l’expérience du RSJ dans ce domaine pour mieux assurer les résultats escomptés dans son intervention au Sénégal