– Label ampli – “ Un instrument de mesure de nos forces et faiblesses ” – Interview de Adam DICKO, AJCAD Mali
Adam Dicko, est directrice exécutive d’AJCAD au Mali (Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie). Depuis 2014, elle regroupe des activistes impliqué·e·s dans différents domaines : santé sexuelle et reproductive (SSR), démocratie et gouvernance, plaidoyer et droits humains.
Pour quelles raisons avez-vous souhaité soumettre AJCAD-Mali à la labellisation ?
Nous percevons la labellisation comme un audit. Une organisation de jeunes comme AJCAD n’effectue pas d’audit organisationnel en dehors de ceux imputés aux programmes. Cette labellisation fut pour nous, un moyen d’élargir nos audits qui étaient jusque-là concentrés sur les projets. Cette démarche a touché tous les domaines : gestion financière, gestion programmatique, gouvernance, archivage, environnement de travail, droit des travailleurs etc. Pour nous, la labellisation est davantage une opportunité qu’un exercice ou un examen. Elle s’est présentée comme un instrument de mesure de nos forces et faiblesses et des opportunités qui s’offrent à nous.
Pour votre organisation, quels changements a provoqué cette démarche qualité ?
Notre premier processus de labellisation nous a fait comprendre que nous avions beaucoup de défis à relever parmi lesquels on peut citer la gouvernance notamment, la tenue irrégulière des réunions du conseil d’administration et du comité d’audit interne. On notait également beaucoup de politiques que nous n’avions pas formalisées, même si, dans la pratique, on les mettait informellement en œuvre. Par exemple, nous ne disposions pas de politique de prévention du harcèlement en milieu professionnel, ni sur la protection de l’enfant et spécifiquement du genre. La démarche qualité nous a fait comprendre ces quelques insuffisances. Et les corrections ont permis à AJCAD d’adapter et d’améliorer ses textes à l’interne.
Qu’est-ce que la labellisation a apporté à votre organisation ?
Elle nous a tout d’abord donné une certaine assurance, celle que notre organisation répond à des standards de bonne gouvernance. Le processus nous a fait découvrir que le partenariat stratégique avec Equipop s’est renforcé en devenant un partenariat de confiance. La démarche a donné une notoriété à AJCAD et augmenté sa crédibilité auprès d’autres partenaires surtout lorsqu’on a partagé avec eux notre certificat. Il leur a fait comprendre tout le sérieux de notre organisation qui répond aux normes de bonne gestion organisationnelle. La démarche a aussi permis à AJCAD de postuler à des grands financements de l’Union Européenne et de l’USAID, lesquels sont exigeants sur les pratiques et les procédures.
Recommanderiez-vous la démarche qualité ?
La démarche de labellisation doit continuer. Mais nous avons des recommandations pour corriger les failles et insuffisances du processus. Par exemple, il pourrait prévoir des petits fonds pour aider les organisations à corriger leurs faiblesses pour être en mesure de prétendre à un autre niveau. Il pourrait aussi permettre de créer plus de contact et de connexion entre les organisations autour d’une solidarité entre partenaires afin que toutes les organisations puissent être certifiées a des hauts niveaux.
Mais cette initiative salutaire renforce les OSC et leurs capacités d’action. Elle nous permet d’être plus exigeantes envers nous-même.