– Label ampli – “La labellisation permet d’améliorer votre vision et la visibilité de vos actions” – Pascaline Fagninou, Le BACAR

– Label ampli – “La labellisation permet d’améliorer votre vision et la visibilité de vos actions” – Pascaline Fagninou, Le BACAR

Interview de Pascaline Fagninou, Directrice Exécutive (DE) de l’ONG Le BACAR. Organisation béninoise créée en 2000 à Savalou, le Bacar (Bureau d’appui-conseils d’Afrique pour les réalisations), est reconnue sous le numéro N° 2002/1088/MISD/DC/SG/DA/SAAP ASSOC du 15 mai 2002. C’est une organisation qui met en œuvre des programmes favorisant l’épanouissement des femmes et des enfants. Il a obtenu le niveau 1 du Label Ampli lors de la première session, en 2021 et vise déjà le niveau 3 !

 

Comment est structurée l’activité du BACAR ?

Avant même de nous lancer dans la démarche de labellisation, nous avions déjà une organisation très structurée, avec des grands domaines définis dans notre plan stratégique grâce à la mise en œuvre de plusieurs projets d’amélioration identifiés et élaborés suite aux différents Diagnostic Organisationnel (DO) de l’ONG financés par EQUIPOP. L’un de ces projets a permis de doter l’ONG d’un Plan Stratégique 2018-2022.

Le premier axe est la Santé Publique concerne la santé communautaire, la Planification Familiale (PF), la SSR et les DSSR. Nous travaillons sur ce volet avec Equipop, Oxfam Canada,  le Fonds Mondial par l’intermédiaire du Ministère de la Santé, notamment dans le cadre du projet SWEDD (Women’s Empowerment and Demographic Dividend Project), ainsi qu’avec la Banque mondiale. Dans ce registre, nous travaillons avec les filles déscolarisées ou non scolarisées, les Travailleuses de Sexe affichées ou non, les Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH)  et les personnes vivant avec un handicap. Nous formons des apprentis -couturières, mécaniciens, menuisiers, ouvriers-… pour promouvoir leurs compétences  et la nutrition. Quant au second axe, c’set l’agriculture à travers l’appui aux groupements de femmes et aux organisations paysannes pour l’amélioration des cultures vivrières (manioc, soja etc.) et les produits issus de leur transformation. Il s’agit en réalité de notre programme “de la fourche à la fourchette”, qui vise à aider les femmes à bien produire, transformer et commercialiser le manioc, le soja et leurs produits dérivés. 

Notre troisième  axe regroupe les domaines transversaux que sont :  la gouvernance au niveau local et national, le genre et développement, la protection de l’enfant et de la mère et l’environnement. Cela a permis à l’ONG Le BACAR de se retrouver dans plusieurs réseaux tel que, le FODDEB (Forum des organisations de défense des droits des enfants au Bénin) pour la coordination au niveau du Département des Collines, la Fédération des ONG des Collines (FODEC) dont Le BACAR assure la Vice-Présidence. Le BACAR assure également dans le poste du Secrétariat Général du  Conseil d’Administration de Social Watch Bénin, réseau d’associations créé en 2005 pour promouvoir le contrôle citoyen de l’action publique.

Enfin, j’insiste sur le fait que depuis longtemps nous prônons le genre, le développement et l’environnement de manière transversale au niveau de tous nos programmes.

 

Tout semble en place, alors en quoi la labellisation a amélioré votre action ?

Le BACAR est engagé depuis les premières heures dans le DO (Développement Organisationnel) avec Equipop  et l’obtention du Label nous a conduit à réorganiser notre stratégie d’intervention. En creusant en adoptant la démarche qualité basée sur le DO pendant plusieurs années nous avons pu mettre en place la base fondamentale d’amélioration de nos organes de décisions. De là  la démarche et la culture générale de  notre organisation ont été mises à l’épreuve de la labellisation ampli. Au cours de ce test,  nous avons mis en avant une particularité de notre organisation  qui peut se résumer comme suit :  auparavant, nous travaillions directement avec les cibles. Nous avons ainsi identifié au cours des DO que nous n’impliquions pas assez toutes les parties prenantes de nos actions, or ceci s’est avéré comme un atout pour  la pérennisation de nos actions. 

En matière de leadership et de gouvernance, nous avons aussi compris qu’il fallait impliquer davantage les acteurs et actrices au niveau local. Les membres du CA étaient très éloignés de nos activités. Mais aujourd’hui ils sont très impliqués pour le DO et le Label, ce qui a avivé leur attention. Elles et ils se sont mobilisé·e·s avec nous pour avancer dans le processus de labellisation. Chaque semaine, nous devions décliner ce que nous avions mis en place. Aujourd’hui, les membres ne désertent plus les réunions. 

Nous avons aussi établi un plan de communication. Nous avions une stratégie, mais pas un plan. Le Plan nous permet de mettre en œuvre et d’évaluer notre stratégie de communication. La communication est essentielle pour faire connaître notre organisation et nos réalisations. 

Il y a eu également une amélioration nette de nos ressources. Autant en ressources humaines, matérielles et organisationnelles. Nous n’y faisions  pas assez attention. 

 

Concrètement, quelle incidence cela a-t-il eu sur vos activités  ?

L’obtention de ce label nous a permis d’améliorer très concrètement notre manière d’intervenir.

L’appui sur le DO et le Label Ampli nous ont permis de mieux travailler avec nos partenaires et de développer nos compétences auprès des parents des apprentis, des formateurs, des chefs d’ateliers et surtout d’améliorer notre système de mobilisation des différentes ressources.

En matière de Santé communautaire, nous menons depuis longtemps un travail dans le domaine de la santé publique auprès des Travailleuses du Sexe (TS) affichées -qui travaillent dans les maisons-closes- et les non-affichées qui travaillent dans les bars et restaurants. Nous faisons notamment de la sensibilisation communautaire sur les maladies VIH, Hépatite, la Tuberculose… Nous avons compris qu’il ne suffisait pas de montrer le chemin de l’hôpital en disant  “allez à l’hôpital vous faire soigner », mais en milieu communautaire, il s’avère important d’accompagner les cibles (personnes identifiées souffrant d’un mal donné). Désormais, dans chaque commune où nous intervenons, à Savalou et Savè, nous avons une infirmière ou une sage-femme que les Travailleuses du Sexe connaissent et elles peuvent aller la voir pour faire un suivi chaque mois. Elles vont plus facilement à l’hôpital et suivent leurs traitements. Ça nous permet aussi d’avoir une bonne relation avec le Médecin Coordonnateur, Responsable de chaque zone sanitaire de notre aire d’intervention. Nous nous sentons également très proches des chefs de bar ou restaurant de nos zones d’intervention et mieux, très à l’aise pour travailler eux . A tel enseigne qu’ils ont compris l’intérêt qu’ils ont à laisser du temps aux employées TS pour se faire soigner et bénéficier de nos conseils en matière de “Compétences de vie, en SSR et DSSR”. Ceci leur permet non seulement de préserver leur santé mais aussi d’améliorer leur rendement.

 

Recommandez-vous la démarche à d’autres organisations ?

C’est une excellente démarche. Si vous suivez vraiment le DO, et que vous essayez d’identifier vos forces et faiblesses ainsi que les menaces et opportunités, ça permet d’avoir une base réelle, surtout le renforcement institutionnel pour aller à pas sûrs vers la labellisation. Mais surtout cela vous permet d’identifier les domaines dans lesquels  l’accent doit être mis pour un renforcement de capacités pouvant permettre une amélioration institutionnelle et fonctionnelle de l’organisation .

Lorsque vous obtenez la labellisation, internalisez-là et externalisez-là ! Mettez le label sur vos papiers en-tête, vos documents et toutes vos communications. C’est une action de visibilité, de crédibilité et de soutien pour aux soumissions d’appels. La labellisation permet d’améliorer votre vision et la visibilité de vos actions. Le label est un tremplin pour consolider notre base institutionnelle et fonctionnelle. Il nous a permis de maintenir et d’accroître notre crédibilité auprès des partenaires techniques, notamment financiers et toutes les parties prenantes de notre organisation.