– Responsables locaux, Associations et Communautés mobilisés pour les DSSR des jeunes femmes en situation de handicap et les VBG au Niger !
Après la tenue de huit forums communaux et d’un forum départemental en faveur de l’abandon du mariage des enfants et du soutien à la scolarisation des jeunes filles dans le département de Mayahi, région de Maradi, les membres d’Alliance Droits et Santé au Niger poursuivent la mise en œuvre de sa stratégie de plaidoyer. Du 14 au 17 novembre 2024, une série d’activités de sensibilisation et d’interpellation des autorités de Loga, région de Dosso, a été organisée pour promouvoir les DSSR (Droits en Santé Sexuelle et Reproductive) des femmes en situation de handicap et prévenir les VBG (Violences Basées sur le Genre).
Ces rencontres ont permis de rassembler populations, acteurs associatifs et politiques pour amorcer un mouvement en faveur d’un avenir juste et durable pour les jeunes filles et femmes, y compris celles en situation de handicap.
Une nouveauté : la parole aux citoyen·ne·s lors des journées mobilisatrices
Les journées mobilisatrices ont réuni des associations, des représentants des communautés et des décideurs locaux pour débattre des thèmes « DSSR des femmes handicapées » et « VBG ». Les discussions ont porté sur :
- Les obstacles à l’accès aux DSSR pour les femmes handicapées.
- Les défis liés à la prévention des VBG.
- Les initiatives existantes et les solutions à mettre en œuvre.
L’objectif était de favoriser une remontée des besoins des populations auprès des décideurs locaux et de proposer des pistes concrètes pour améliorer les conditions des femmes handicapées.
Grâce à une forte mobilisation incluant cadres techniques, parents, jeunes, associations locales, artistes et radios partenaires, ces journées ont permis de créer un espace d’échange inclusif.
Débats avancés sur les DSSR des femmes en situation de handicap
Les discussions ont révélé que les femmes en situation de handicap ne jouissent pas pleinement de leurs droits. Les obstacles sont nombreux :
- Manque d’infrastructures et de services adaptés.
- Stigmatisation et discrimination persistantes..
- Influence des normes sociales, culturelles et religieuses conservatrices.
Le contexte social et les normes culturelles et religieuses conservatrices limitent l’expression des droits des femmes de façon générale dans la sphère intime, familiale et publique. Leur accès aux espaces d’expression et de décision reste encore restreint. Tout cela constitue de véritables freins à l’avancée des DSSR des femmes particulièrement celles en situation de handicap : les pouvoirs publics comme les agent·e·s de santé subissent l’influence des normes traditionnels et religieux, développent des attitudes parfois stigmatisantes à l’égard de certain·e·s usager·ère·s – dont les jeunes femmes handicapées – et sont peu ouvert·e·s au dialogue.
Les professionnels de santé manquent souvent des compétences nécessaires pour répondre aux besoins spécifiques des femmes handicapées, exacerbant ainsi leur exclusion. Les débats ont mis en lumière la nécessité de développer des services inclusifs, basés sur une meilleure compréhension des besoins des femmes handicapées, afin d’influencer positivement les politiques publiques.
Le manque d’informations sur le vécu et les besoins de ces femmes est un obstacle majeur à la conception de politiques, de stratégies et de services plus inclusifs selon les intervenants. Il est vital d’obtenir des informations fiables sur les besoins de DSSR des jeunes filles et femmes en situation de handicap et la disponibilité des services censés y répondre en vue de porter cet enjeu à l’attention des décisionnaires et des prestataires de santé.
Un appel a été lancé aux autorités communales pour financer des initiatives visant à améliorer l’accès aux DSSR des femmes handicapées. De même, les leaders coutumiers, religieux et communautaires ont été invités à soutenir un mouvement pour les droits des personnes handicapées.
Focus sur les VBG : défis et solutions
A l’occasion de ces journées de plaidoyer et d’interpellation, les discussions sur les VBG ont souligné l’ampleur de ce fléau et ses causes profondes, en particulier les inégalités femmes/hommes. Les participants ont débattu de :
- La prévalence des VBG, en particulier en milieu rural.
- Les déterminants culturels, sociaux et économiques des VBG.
- Les conséquences du mariage des enfants sur la santé, l’éducation et l’avenir des filles.
Les participants ont admis que les actes des violences basées sur le genre se produisent en général parce que les hommes choisissent d’abuser des pouvoirs dont ils disposent. Les femmes subissent plus de violences basées sur le genre que les hommes et en particulier les femmes rurales en subissent plus que celles vivant en milieu urbain au Niger. Des exemples très significatifs ont été donnés par l’assistance. Il ressort des interventions que les VBG sont enregistrées à trois niveaux qui sont :
- la famille
- la communauté, la société : environnement social ou religieux, lieu de travail.
- l’Etat : promulgation des lois discriminatoires et adoption de politique et leurs applications.
Le mariage des enfants a été identifié comme une pratique courante et particulièrement préjudiciable, entraînant des grossesses précoces, la déscolarisation et l’exclusion sociale. Dans ce tableau, le rôle et l’influence des parents et de la famille sur l’avenir des jeunes filles sont essentiels car ils sont souvent les organisateurs de ces mariages. De l’avis des participants, certains parents perçoivent le mariage d’enfants comme un moyen de contrôler la sexualité féminine : les parents craignent que leurs filles les déshonorent en ayant un enfant hors mariage. Dans ce contexte, le mariage d’enfants est donc perçu comme une protection contre l’activité sexuelle pré-maritale. Cependant ses conséquences négatives en termes de droits humains privent les adolescentes de leur enfance et du droit à l’éducation, à la santé, à la participation citoyenne, à l’autonomie financière, etc. Les parents ont le choix de ne pas marier leur enfant si tôt, l’éducation des jeunes filles est beaucoup plus bénéfique pour tous·te·s et le mariage tardif réduit la survenue de certaines complications obstétricales.
Défis identifiés et pistes d’action
Les participants ont proposé plusieurs actions pour lutter contre les VBG et le mariage des enfants :
- Changer les perceptions et les normes sociales favorables au mariage des enfants.
- Développer des approches communautaires participatives.
- Renforcer l’empouvoirement des jeunes filles.
- Encourager les communes à allouer des budgets spécifiques pour la lutte contre les VBG.
- Promouvoir la sensibilisation et la formation pour remettre en question les rôles traditionnels et stéréotypes qui banalisent les VBG pour changer les attitudes
- Engager les communautés à signaler les cas de VBG et à refuser les arrangements à l’amiable.
Ces journées mobilisatrices ont marqué une étape importante dans la lutte pour les droits des femmes et la prévention des violences au Niger. Alliance Droits et Santé au Niger continue de s’investir pour bâtir une société inclusive, où les jeunes filles et femmes, y compris celles en situation de handicap, peuvent jouir pleinement de leurs droits et participer activement à la vie communautaire.