– Burkina: Interpellation des mairies d’arr. pour l’inclusion de la PF dans leurs budgets
Les 17, 19 et 27 juillet derniers, trois ateliers de sensibilisation à la planification familiale (PF) ont été organisés par le réseau dans les mairies des arrondissements 4, 5 et 12 de Ouagadougou. Le but : obtenir des maires un engagement à créer une ligne budgétaire pour la PF dans le plan annuel d’investissement de leurs arrondissements.
C’est Anatole Bonkoungou, maire de l’arrondissement 4 de Ouagadougou, qui a eu l’honneur de lancer la série de trois ateliers d’échanges sur la PF organisée par Alliance Droits et Santé au Burkina Faso.
Ces échanges avaient pour but d’informer les participant·e·s sur l’importance d’investir dans la PF et en particulier la santé sexuelle et reproductive des jeunes et adolescent·e·s (10-24 ans) pour le bien-être des populations. Cet investissement doit se faire non seulement au niveau national, mais aussi au niveau municipal, car les élu·e·s locaux·ales sont au plus près des populations et connaissent bien leurs besoins.
Les ateliers ont regroupé dans chaque arrondissement des membres du conseil municipal – Maire, 1er et 2ème adjoint·e, Secrétaire général·e – des représentants des leaders religieux et coutumiers, des représentant·e·s d’organisations de femmes et de jeunes, et des directeur·trice·s d’établissements scolaires.
La PF, un facteur de bien-être pour les populations
Les principaux défis démographique, sanitaire et économique auxquels doit faire face le Burkina Faso ont été présentés par la Direction des Politiques de Population et par des médecins, infirmières et sages-femmes travaillant dans les centres de santé de Ouagadougou (Bogodogo, Dassasgho). Selon les scénarios présentés, si la fécondité n’est pas maîtrisée, la population du Burkina atteindra les 60 millions d’habitants en 2050 (contre 19 millions aujourd’hui), nécessitant de construire 15 000 centres de santé et de créer 12 000 postes de médecin. Concernant les jeunes en particulier, seulement 42% des jeunes filles ayant eu des rapports sexuels ont déjà utilisé un moyen de contraception au cours de leur vie. Les grossesses précoces et non désirées sont fréquentes chez les jeunes : 10% des 15-19 ans en milieu urbain ont déjà eu un enfant.1
C’est pourquoi les intervenants ont mis l’accent sur les avantages que présente la PF pour relever ces défis et améliorer la santé des femmes et des filles en particulier. Si l’objectif de 51% de taux d’utilisation des méthodes contraceptives en 2030 est atteinte, la population du Burkina Faso sera de 32 millions en 2050. De plus, la santé et les opportunités économiques des femmes et des filles seront améliorées du fait qu’elles auront en moyenne 3.6 enfants (contre 6.1 aujourd’hui), et les adolescentes ne contribueront plus qu’à 5% de la fécondité totale (contre 11% aujourd’hui).
Mais beaucoup reste à faire pour combler les besoins non satisfaits des femmes et des filles en matière de PF. A titre d’exemple, dans la région du Centre, dont le chef-lieu est Ouagadougou, les besoins non satisfaits en matière de PF sont encore de 39.7%, avec un taux d’utilisation de méthodes modernes de contraception de 46.9%.2
Les maires doivent s’engager pour la PF
SOS/JD, l’ONG ASMADE et la MMF, les membres burkinabè de l’Alliance, ont profité de ces moments d’échange pour appeler les équipes municipales à s’engager en faveur de la PF en prévoyant un budget annuel dédié aux activités de promotion de la PF. Ils ont aussi exhorté la société civile à demander des comptes à leurs dirigeant·e·s par rapports aux engagements pris.
Bien que sensibles à la thématique et réaffirmant leur engagement à créer une ligne budgétaire dédiée à la PF au niveau de leurs arrondissements, les mairies ont tou·te·s relevé le problème d’approvisionnement effectif de cette ligne. En effet, les budgets des arrondissements dépendent de l’attribution faite par la mairie centrale de Ouagadougou.
Conscients de cet obstacle opérationnel, Alliance Droits et Santé a prévu d’organiser un nouvel atelier d’échange avec cette fois le maire central de Ouagadougou, Armand Béouindé. L’objectif : améliorer la gestion décentralisée des budgets des arrondissements, pour que les dépenses en faveur de la PF deviennent réalité.
1. Source: Présentation donnée le 19/07/2017 par Mme KONKOBO Boulguissa, sage-femme du district sanitaire de Bogodogo. « Santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes du district sanitaire de Bogodogo ».
2. Source : Présentation donnée le 17/07/2017 par Emmanuel KINDA, Chef de service des politiques et programmes de population à la Direction Générale de l’Economie et de la Planification. « Enjeux démographiques : le dividende démographique ».