– Promotion des droits de l’Homme : CeRADIS ONG primée !
La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a décidé de décerner une « mention spéciale » à l’ONG Béninoise CeRADIS, pour les prix des droits de l’homme de la République française Liberté-Egalité-Fraternité. Pour en savoir davantage sur ce satisfecit spécial, nous avons interviewé pour vous, Nourou Adjibadé (NA), le Directeur Exécutif de cette ONG.
Equipop : Quels sont vos sentiments en recevant un tel prix ?
NA : Nous sommes honorés par ce prix d’autant plus qu’il est décerné par une instance internationale de promotion des droits de l’homme, le CNCDH de la République Française. Cette distinction est une reconnaissance internationale des efforts engagés par CeRADIS depuis une vingtaine d’années pour la promotion de l’égalité de genre et des droits sexuels et reproductifs des adolescent(e)s et jeunes en général et de ceux vivant en situation de vulnérabilité en particulier.
Equipop : Pourriez-vous nous parler du contexte de votre participation ? (pourquoi avez-vous postulé ? qu’est ce vous avez présenté ?)
NA : L’environnement des organisations non gouvernementales est marqué par des difficultés de mobilisation de ressources. Du coup, seules les organisations crédibles et ayant une reconnaissance internationale accroissent leurs chances d’obtenir des financements pour la mise en œuvre de leur plan stratégique. De ce fait, la direction exécutive a décidé de soumettre la candidature du CeRADIS à travers une proposition intitulée : Démarginaliser les filles en situation de vulnérabilité par la promotion de leurs droits sexuels et reproductifs dans la commune d’Ouidah au Bénin. Par cette candidature, CeRADIS voudrait contribuer à l’effort national en matière de promotion des droits sexuels et reproductifs des jeunes filles. Il s’agissait pour l’organisation de renforcer les pouvoirs, la participation, la capacité de négociation et d’autonomie des filles, à travers la mise en place participative et consensuelle d’interventions intégrées, avec les communautés du milieu rural, afin d’apporter des réponses aux problèmes liés à l’accès des jeunes filles aux services de santé sexuelle et de la procréation.
Equipop : En termes de retombées, quel(s) impact(s) cette distinction aura sur votre ONG et par ricochet, l’Alliance droits et santé?
NA : A l’interne du CeRADIS, cette distinction est une source de motivation et d’encouragement pour le personnel qui se bat auprès des responsables de l’organisation afin d’accroitre les capacités de mobilisation de ressources et la confiance des partenaires. A l’externe, cette reconnaissance accroit la visibilité, la crédibilité de l’organisation auprès des partenaires techniques et financiers et au niveau des instances publiques et privées nationales. Par rapport à l’Alliance droit et santé, cette distinction confirme la qualité du travail qui est abattue par les organisations qui composent cette alliance et de son importance pour faire avancer les droits sexuels et reproductifs. De tout ce qui précède, cette distinction est un catalyseur de bonnes performances pour l’organisation et l’alliance Droits et Santé.
Equipop : Quelles sont les actions que vous prévoyez dans le futur pour promouvoir davantage les droits humains dans leur ensemble ?
NA : Nous avons un plan stratégique à développer de 2016 à 2020. La mise en œuvre de ce plan nécessite des ressources importantes que l’organisation ne saurait mobiliser sans l’appui des partenaires techniques et financiers. Par ailleurs, nous avons un grand chantier de plaidoyer pour faire avancer les droits humains en général et les droits sexuels qui se résument en quelques points :
- Développer des actions de plaidoyer en vue du respect des 8 engagements pris par le Bénin à la Conférence d’Addis-Abeba sur la Planification Familiale et réaffirmés en juillet dernier au sommet de Londres.
- Développer des actions de plaidoyer pour une révision du Plan d’Action National pour le Repositionnement de la Planification Familiale (2014-2018) et l’adoption des textes d’application de la loi de Santé de la reproduction de 2003.
- Développer des actions de plaidoyer pour une révision à court terme d’un certain nombre de textes réglementaires notamment ceux relatifs aux services à base communautaire pour un développement de la délégation des tâches en matière d’offres de services PF
- Travailler avec l’Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB) et ses démembrements au niveau départemental en vue d’amener les 77 Conseils municipaux à promouvoir la Santé et les Droits en matière de sexualité et de reproduction dans leur politique sanitaire
- Travailler aux côtés des autres organisations et réseaux de la société civile pour une opérationnalisation effective du cadre institutionnel de la Stratégie nationale multisectorielle de la santé sexuelle et de la reproduction des adolescents et jeunes (2018-2022) qui vient d’être adoptée par le ministère de la santé.
Equipop : Auriez-vous un message à faire passer, à l’occasion de la journée internationale des droits de l’Homme ?
NA : La réalisation des droits humains en général et des droits sexuels et reproductifs en particulier est indispensable pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030 et les Etats ont une lourde responsabilité dans l’atteinte de ces objectifs.
Pour notre part nous invitons toutes les organisations œuvrant dans le domaine du droit à la santé de redoubler d’efforts pour assurer une veille citoyenne afin que nos gouvernements respectent les engagements pris aussi bien dans les conventions internationales que dans leur droit positif national afin de garantir à tous les citoyens, quel que soit leur statut, la jouissance effective de tous les droits humains.